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Le multilinguisme, arme de séduction de l’UE

Écrit par : Marta Minotti. Publié le 30 juin 2014par revistaeuropea.eu

Une onde de pessimisme dévastatrice a submergé l’Europe et ses institutions et a altéré l’insouciance des citoyens, qui, par conséquent, se sont divisés en deux camps, celui des sceptiques et celui des partisans invétérés d’un projet qui, malgré les défaillances, continue à exercer son charme originel. Mais si l’Europe séduit, elle est également sujette à des réticences.

Ses armes de séduction sont les principes et valeurs sur lesquels elle est fondée, son arme de destruction est le système complexe et sinueux formé par les institutions, dont les activités sont le plus souvent l’apanage de ceux qui vivent et travaillent à Bruxelles. Mais le temps où toutes les décisions sont prises « depuis Bruxelles » est révolu, c’est ainsi que l’on faisait référence à l’ensemble des organismes européens situés dans les lointaines périphéries de la capitale. La politique européenne doit devenir le pain quotidien de ses citoyens, lesquels ont constitué, constituent et constitueront toujours la source d’inspiration de la politique et des valeurs imposés par le multilinguisme.

L’Union Européenne, contrairement aux autres institutions internationales, ne travaille pas seulement en deux ou trois langues ou dans les six langues officielles des Nations Unies (anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe), qui peut être méconnait encore l’identité de ses membres. Pour l’Union européenne, le respect de la diversité linguistique est une valeur fondamentale, tout comme l’est le respect et l’acceptation de l’autre, et ses citoyens ont de ce fait le droit de communiquer avec les institutions dans leur propre langue. La raison du multilinguisme réside dans la nature même de l’Union et dans le système juridique adopté qui prévoit la transposition du droit communautaire en droit national. Par souci de transparence et de démocratie, les citoyens et les juridictions nationales doivent pouvoir accéder aux informations appropriées et fiables dans leur propre langue conformément aux propositions législatives débattues.
Depuis le lancement du projet européen, il a été décidé que les langues officielles des Etats membres devaient également endosser le rôle de langues officielles de l’organisation. En vertu du règlement n°1 du Conseil datant de 1958, qui est modifié à chaque adhésion afin d’insérer les langues des nouveaux pays, sont considérés langues officielles celles qui sont utilisées par les Etats membres, les citoyens et les lobbies, alors que les langues de travail désignent celles que les institutions emploient pour les communications internes ou entre elles. L’article 1 du règlement spécifie que les langues officielles (qui sont actuellement au nombre de 24) sont également les langues de travail de l’Union européenne.
Mais pour des raisons pratiques et de coût, ces dernières ne sont pas utilisées systématiquement : l’article 6 du même règlement souligne que les institutions peuvent déterminer les conditions d’application du régime linguistique dans leurs règlements internes, en utilisant des langues spécifiques, dites de procédure. Par exemple, dans le cas de la Commission, les langues de procédure sont l’anglais, le français et l’allemand, langues dans lesquelles les documents doivent être disponibles lorsque les commissaires se réunissent pour discuter et prendre des décisions. Il s’agit en outre, de langues utilisées par la Commission pour rédiger les projets de documents internes qui ne seront ni publiés ni transmis à d’autres institutions européennes.
Les acteurs principaux de ce régime linguistique – unique au monde pour sa capacité à accorder un statut identique à 24 langues – sont les services de traduction et d’interprétation de l’Union Européenne. Se basant sur les principes de transparence, de légitimité et d’efficacité, les nombreux traducteurs et interprètes ont le devoir de soutenir et renforcer le multilinguisme et de contribuer au rapprochement entre les institutions et les citoyens de l’Union, en les informant sur leurs droits et devoirs.
Les rapports instaurés doivent se baser sur une communication qui va droit au cœur et qui reste gravée dans les esprits, un message qui ne prenne pas le ton dur et hostile d’une langue inconnue ou peu « mâchée », mais qui reproduit la douce mélodie des paroles qui nous ont bercé durant toute notre enfance et accompagné dans le chemin long et difficile qui mène à la vie adulte, nous apprenant à renforcer notre sentiment d’appartenance à une « langue-mère ».

Sur la photographie apparait la Commissaire au multilinguisme Androulla Vassiliou participant à un débat avec les jeunes européens (photo : Connect Euranet   – www.flickr.com)

Traduction : Amina Boutarfa

Source : europae

Article original : http://www.rivistaeuropae.eu/politica/multilinguismo-arma-seduzione-dellue/