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Aktuelles

L'OEP écrit aux têtes de liste aux élections européennes

Objet : élections européennes. Question aux candidats.

M...,

Parmi les questions que doit se poser un futur élu au Parlement européen, il y a celle du régime linguistique des institutions européennes et surtout de son application.

En théorie, ce régime est pleinement plurilingue, la quasi-totalité des langues des traités étant reconnues par le règlement 1958/1 du 15 avril 1958 comme langues officielles pour l’Union et ayant vocation à être langues de travail.

L’équilibre relatif instauré dans les premières décennies de la CEE s’est transformé à partir des années quatre-vingt-dix et encore plus au cours des années deux mille, avec l’adhésion de dix pays issus du démembrement de l’empire soviétique, en une hégémonie quasi absolue de l’anglais comme langue de travail (entre 80 et 90 % de textes produits en anglais), ce qui a entraîné de nombreuses conséquences d’ordre symbolique, communicationnel et politique.

L’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne constituant un même geste politique, l’adoption de l’anglais comme langue de travail fut imposée aux nouveaux membres de l’intérieur de l’Union européenne même, bastion avancé d’une domination américaine, dont la langue anglaise est un pilier du soft power. Cette évolution, que les gouvernements européens n’avaient aucune raison d’accepter, a clairement été encouragée par la passivité des gouvernants français.

La situation mondiale a depuis beaucoup changé. Les enjeux technologiques et économiques ayant pris le pas sur les enjeux militaires, renvoyés à la périphérie, les pays européens sont désignés au moins autant comme rivaux, voire adversaires, qu’alliés des États-Unis. Les déclarations et menaces de Donald Trump ont au moins le mérite de nous inviter à ne pas persévérer dans le déni de réalité.

Le moment est donc venu d’un rééquilibrage effectif des usages linguistiques au sein des institutions européennes.

Il a toujours semblé étrange et contre-productif de voir des fonctionnaires européens francophones ou germanophones, à titre d’exemple, rédiger en anglais des textes qui seront ensuite traduits en français ou en allemand. Avec les progrès spectaculaires effectués dans les années récentes par la traduction assistée par ordinateur, cela devient de l’inconséquence.

Donc, il convient d’inviter chaque institution à reconnaître dans son règlement intérieur que les textes peuvent être rédigés par les rédacteurs dans une langue de leur choix, notamment leur langue officielle, le texte initial pouvant être accompagné sans difficulté d’une traduction dans une ou plusieurs autres langues, sous le contrôle du service de traduction bien entendu.

Il est facile de comprendre que ce simple fait facilitera le rééquilibrage des textes publiés sur la plateforme europa.eu où, à l’heure actuelle, la quasi-totalité des textes ayant une véritable importance n’est accessible qu’en anglais, hormis les textes publiés au journal officiel de l’Union européenne.

Ajoutons qu’il est inutile que le Traité de Lisbonne affirme le droit des citoyens à participer à l’élaboration des décisions et le principe de transparence de l’information, si, dans le même temps, cette information n’est pas délivrée aux citoyens dans leur propre langue.

Nous aimerions connaître par rapport à cette proposition votre position et celle des candidats sur la liste que vous conduisez pour les prochaines élections européennes.
Nous ne manquerons pas de la diffuser à nos membres et internautes.

Nous vous en remercions par avance et vous prions d’agréer nos cordiales salutations.

Pour l'OEP
Christian Tremblay
Président