A Bruxelles, la dérive du tout-anglais (Jean Quatremer - Libération)

Par Jean Quatremer, (à Bruxelles)

«Irène Tolleret, une élue LREM, s’est exprimée en anglais lors d’une réunion de commission qui était pourtant interprétée. On n’a rien compris à ce qu’elle disait et on n’a pas pu traduire», se désole une interprète du Parlement européen. Une partie des nouveaux eurodéputés macronistes a d’ailleurs acquis une mauvaise réputation à l’Assemblée, celle de vouloir à tout prix parler la langue de Shakespeare, au grand désespoir des interprètes traducteurs.

Il suffit de regarder les comptes Twitter de certains députés pour voir bios et messages en anglais, comme si leurs électeurs étaient anglophones… Si même les Français se plient désormais au globish (pour «global English»), version abâtardie de l’anglais, qui va encore défendre le multilinguisme, pierre angulaire de la construction communautaire, s’inquiètent les interprètes ?

Il faut dire que la pression est forte. «Lors d’une réunion sans interprétation, je me suis exprimée en français», raconte Chrysoula Zacharopoulou, députée de la liste En marche. «Dacian Ciolos, le président du groupe Renew Europe m’a alors intimé de parler en anglais, ce que j’ai refusé. C’est incroyable. Je parle anglais, mais il n’y a aucune raison que je ne puisse pas parler français.» Emmanuel Maurel, ex-PS passé à LFI, raconte...

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