« La recherche francophone en sciences de gestion n’a aucune raison d’accepter une soumission à un ordre anglo-saxon »

Tribune

Collectif

Dans une tribune au « Monde », 100 enseignants et chercheurs en gestion appellent les autorités académiques françaises à contester la domination des revues anglophones dans l’évaluation de leurs travaux.

Publié le 20 février 2019 à 07h00 - Mis à jour le 22 février 2019 à 16h29

Pour évaluer la recherche en sciences de gestion, un principe s’est imposé : celui de se baser sur les seuls articles publiés dans des revues académiques, au détriment des autres formes de production scientifique (ouvrages, rapports de recherche, etc.). Dans ce cadre, le Centre national de recherche scientifique (CNRS) et la Fondation nationale pour l’enseignement et la gestion des entreprises (Fnege) ont tous deux élaboré des listes de revues qui font aujourd’hui référence dans notre discipline. Ces listes jouent un rôle d’assurance qualité, en distinguant les revues répondant aux exigences académiques (principe d’évaluation par les pairs, en double aveugle) des autres. Elles établissent par ailleurs une hiérarchisation entre les revues d’excellence, qui sont classées au « rang 1 », et les revues moins prestigieuses, classées aux rangs 2, 3 et 4.

C’est là que le bât blesse. Car ces listes légitiment une domination des revues anglo-saxonnes sur les revues francophones. Parmi les 110 revues classées par le CNRS à un rang 1, comme parmi les 61 revues classées par la Fnege à ce même rang, aucune n’est de langue française. Comment deux institutions françaises en arrivent-elles à l’aberration consistant à dire qu’une revue publiée dans notre langue serait par nature moins bonne qu’une revue rédigée en anglais ? L’élément qui légitime cet état de fait aux yeux de ses concepteurs est le moindre « facteur d’impact ». Le facteur d’impact est une mesure de visibilité des revues. Son calcul s’opère en comptant le nombre de fois où les articles publiés dans la revue sont cités par d’autres articles au cours des trois dernières années...

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