Universités, la puissance écrasante de l'anglais dans les appels d'offres en Italie : la folie des traductions assermentées (Il corriere della sera)

FR/IT (original)

II CORRIERE DELLA SERA - 4 mars 2021

Universités, la puissance écrasante de l'anglais dans les appels d'offres en Italie : la folie des traductions assermentées
Università, lo strapotere dell’inglese nei bandi: la follia delle traduzioni giurate

Gian Antonio Stella

L'archéologue Clemente Marconi a été engagé il y a quelques années comme "professeur assistant" à l'université de Columbia, sans même avoir une publication en anglais dans sa poche. Bien sûr, il connaissait l'anglais. Et comme il est progressivement devenu professeur titulaire, puis s'est hissé au sommet de l'université de New York, il a écrit plusieurs essais en anglais. Bien sûr. Avant, cependant, pas un seul. Et lorsqu'il a découvert que désormais, dans les universités italiennes, les professeurs ne pourront plus inclure leurs travaux en français, en allemand ou en espagnol (et dans toutes les autres langues) dans leur CV pour les concours, il a éclaté de rire : "Je n'arrive pas à y croire ! C'est comme si les aspirants commissaires avouaient qu'ils ne sont pas à la hauteur...".

Traductions assermentées

Seuls les ouvrages "étrangers" traduits en italien ou en anglais seront acceptés. Certains diront : une nuisance, devoir traduire ses propres publications qui ailleurs sont un signe de distinction. Pas question, une traduction "faite maison" ne suffira pas : les traductions devront être assermentées. Comme s'il s'agissait de documents du cadastre retrouvés dans les archives bulgares ou indonésiennes. Ils disent, après un déluge de "vu ... vu ... vu ... vu ...", les règles de l'annonce du concours pour la nouvelle épreuve de l'Aptitude scientifique nationale fixées par le décret directorial n° 553 du 26 février du Miur. Où, comme le rapporte le professeur Paolo Liverani sur le portail roars.it, "une nouveauté saute immédiatement aux yeux : l'art. 2, paragraphe 4, lettre b), exige en effet que les candidats téléchargent sur la plateforme ministérielle le pdf des publications et "si la publication est rédigée dans une langue autre que l'italien et/ou l'anglais, la traduction assermentée de la publication dans un seul fichier".

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La lingua franca

Comment cela se fait-il ? Le premier soupçon, répond Liverani, est que "l'idée vient de ceux qui pensent être familiers avec les sciences dures, où l'anglais est la lingua franca. Je souligne : "pense qu'il a", ce qui est différent d'avoir. Car même le plus convaincu des partisans de l'anglais comme lingua franca - mais avec un minimum de familiarité avec les questions universitaires - aurait pris bien soin de ne pas formuler une règle aussi grossière en raison de ses conséquences dévastatrices". Exemple ? S'il est vrai que celui qui traite certains sujets "doit" au moins savoir lire l'allemand, l'italien, l'anglais, le français et l'espagnol, "comment peut-on espérer que l'Italie attire les cerveaux étrangers si elle demande ensuite à un germaniste de langue maternelle allemande de ne pas présenter ses titres dans la langue et la culture qu'il traite, sauf par une traduction maladroite ? Car, remarquez bien, nous demandons une traduction assermentée, c'est-à-dire celle qui est requise pour les documents et les actes publics (par exemple, un certificat de mariage) pour lesquels il existe des traducteurs spécialisés, mais qui ne comprennent malheureusement pas la littérature allemande, l'archéologie grecque ou l'histoire médiévale".

Coûts

Question : comment cette traduction assermentée ? Il y a ceux qui, comme le groupe "translated.com", proposent des traductions dans 186 langues. Vous souhaitez un devis ? Supposons que vous vous appeliez Karl Marx, que vous aspiriez à devenir professeur dans une université italienne et que vous deviez traduire de l'allemand le "Manifest der Kommunistischen Partei" écrit avec Friedrich Engels. 9684 mots à traduire. Pour être clair : seulement un tiers de plus que l'annonce du Miur dont nous parlons. Un essai qui, dans la mise en page actuelle de l'édition, occuperait 45 pages. Un livret à glisser dans votre poche. Une traduction précise coûterait deux semaines et 1300 euros. Ensuite, l'original (papier !) en allemand et la traduction (papier !) en italien doivent être apportés à un certain bureau sur la Piazzale Clodio ou dans un autre palais de justice où les fonctionnaires vérifient quelques pages au hasard. Incipit du Manifeste en allemand : "Ein Gespenst geht um in Europa, das Gespenst des Kommunismus...". En italien : "Uno spettro si aggira per l'Europa : lo spettro del comunismo...". Et ainsi de suite.

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Le "procès-verbal de l'avis conforme

Mais que faire si la rédaction est dans une langue totalement inconnue du fonctionnaire en service ? Alors, tenez-vous bien, la solution est italienne. Un traducteur raconte : "Ils prennent deux ou trois pages au hasard et regardent s'il n'y a rien (une note de bas de page, un signe de pourcentage ou un nom comme Hans Mayer ou Alain Delon...) qui suggère qu'il s'agit du même texte". Les deux documents papier sont donc joints à un papier "Minutes of Asseverazione" (sic) sur lequel sera apposé un timbre de 16 euros pour chaque 100 lignes. Plus 70 euros fixés pour la pratique. Tous, je crois comprendre, seront présentés pour cet appel d'ici le 27 mars.

Esclavage

Je vous en prie ! Qui a inventé ces absurdités ? Porte-t-elle une moustache de guidon, utilise-t-elle un encrier et se rend-elle au bureau en vélo ? Maria Luisa Catoni, professeur d'archéologie à l'Université Normale de Pise, ancienne présidente du Conseil européen de la recherche et chargée de cours au Wissenschaftskolleg de Berlin ("avant d'avoir une seule publication en allemand"), s'étonne : "Il y a au moins trois points inacceptables. Premièrement : l'exclusion dans une université italienne des principales langues européennes. Deuxièmement : la soumission totale à l'anglais. Troisièmement : le rejet sur les épaules des chercheurs et des enseignants, tout en reconnaissant les difficultés de nombreux comités à évaluer les travaux dans les langues moins répandues, de tous les efforts et dépenses". Vermondo Brugnatelli, l'un des plus grands spécialistes de la langue berbère et professeur à Bicocca, a fait le calcul : "Pour un travail effectué pour la Sorbonne en français (c'est la langue de mon domaine), je devrais payer 25 416 euros pour une traduction assermentée. Plus les timbres fiscaux, un pour 100 lignes ! Et ce serait quand ?".

Bureaucratie

"C'est le triomphe de la bureaucratie sur la science", accuse Salvatore Settis, longtemps directeur de la Normale, ancien président du Conseil supérieur du patrimoine culturel et toujours du Conseil scientifique du Louvre, "même les pierres savent, par exemple, que l'allemand est plus important pour l'archéologie. Et ils savent que c'est un honneur, pour un érudit de Raphaël, de publier un essai en allemand. Pourquoi devrait-il le traduire ? Mais il y a plus : avec tout le respect dû à l'anglais, je crois que la décision de l'université italienne de choisir comme lingua franca uniquement celle de ceux qui voulaient quitter l'Europe est un outrage à l'Europe. Et je n'ose pas penser à un éventuel contre-interrogatoire...". Pire encore, Tomaso Montanari ajoute : "Si nous renonçons a priori à avoir des commissions capables de juger les enseignants et de comprendre au moins les langues européennes de base, un pilier de notre université s'effondrera. En ce qui concerne la culture humaniste, il y a donc une arrogance scientifique insupportable. Utilisé de cette manière, l'anglais sera un OGM culturel. Et cela annulera toute diversité".

 

IT (original)

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II CORRIERE DELLA SERA - 4 marzo 2021

Università, lo strapotere dell’inglese nei bandi: la follia delle traduzioni giurate

Gian Antonio Stella

L’archeologo Clemente Marconi fu assunto qualche anno fa come «assistant professor» alla Columbia University, senza avere in tasca neppure una pubblicazione in inglese. Certo, l’inglese lo sapeva. E salendo via via alla cattedra di ordinario e poi ai vertici della New York University ne ha poi scritti diversi di saggi in inglese. Ovvio. Prima, però, manco uno. E alla scoperta che d’ora in avanti, negli atenei italiani, i docenti non potranno inserire nel curriculum ai concorsi i propri lavori in francese, tedesco o spagnolo (e tutte le altre lingue) scoppia a ridere: «Non ci posso credere! È come se gli aspiranti commissari confessassero di non essere all’altezza...».

Le traduzioni giurate

Saranno accettati solo i lavori «stranieri» tradotti in italiano o in inglese. C’è chi dirà: una seccatura, dover tradurre le proprie pubblicazioni che altrove sono un segno di distinzione. Macché, non basterà una traduzione «casalinga»: le traduzioni dovranno essere giurate. Come si trattasse di atti catastali recuperati in archivi bulgari o indonesiani. Lo dicono, dopo un diluvio di «visto... visto... visto...», le regole del bando per il concorso della nuova tornata dell’Abilitazione scientifica nazionale fissate dal Decreto direttoriale n.553 del 26 febbraio del Miur. Dove, come ha denunciato il professor Paolo Liverani sul portale roars.it, «salta immediatamente all’occhio una novità: all’art. 2 comma 4, lett. b), infatti, si prescrive che i candidati debbano caricare sulla piattaforma ministeriale il pdf delle pubblicazioni e “ove la pubblicazione sia redatta in lingua diversa dall’italiano e/o dall’inglese, la traduzione giurata della pubblicazione in un unico file”».

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La lingua franca

Come mai? Il primo sospetto, risponde Liverani, è che «l’idea venga da chi pensa di avere dimestichezza con le scienze dure, dove l’inglese è lingua franca. Sottolineo: “pensa di avere”, che è cosa differente dall’avere. Perché anche il più convinto assertore dell’inglese come lingua franca — ma con un minimo di confidenza con le problematiche universitarie — si sarebbe ben guardato dal formulare una tale becera norma per le sue conseguenze devastanti». Esempio? Se è vero che necessariamente chi maneggia certi temi «deve» almeno saper leggere il tedesco, l’italiano, l’inglese, il francese e lo spagnolo, «come si pretende che l’Italia attiri cervelli dall’estero se poi chiede a un germanista di madre lingua tedesca di non presentare i suoi titoli nella lingua e nella cultura di cui si occupa, se non attraverso una goffa traduzione? Perché, si badi bene, si chiede una traduzione giurata, quella cioè richiesta per documenti e atti pubblici (per esempio, un certificato di matrimonio) per cui esistono traduttori specializzati, ma che purtroppo nulla capiscono di letteratura tedesca, di archeologia greca, di storia medievale».

I costi

Domanda: come questa traduzione giurata? C’è chi, come il gruppo «translated.com» offre traduzioni in 186 lingue. Volete un preventivo? Fate conto di chiamarvi Karl Marx, di aspirare a una cattedra in un ateneo italiano e di dover tradurre dal tedesco il «Manifest der Kommunistischen Partei» scritto con Friedrich Engels. Parole da tradurre: 9684. Per capirci: solo un terzo di più del bando del Miur di cui parliamo. Un saggio che nelle impaginazioni editoriali di oggi occuperebbe 45 pagine. Un libretto da infilare in tasca. Una traduzione accurata costerebbe due settimane e 1300 euro. Dopodiché l’originale (cartaceo!) in tedesco e la traduzione (cartacea!) in italiano devono essere portati in un certo ufficio di piazzale Clodio o qualche altro Palazzo di Giustizia dove i funzionari controllano a campione un po’ di pagine. Incipit del Manifesto in tedesco: «Ein Gespenst geht um in Europa, das Gespenst des Kommunismus...». In italiano: «Uno spettro si aggira per l’Europa: lo spettro del comunismo...». E così via.

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Il «verbale di asservazione»

Ma se il saggio è in una lingua del tutto ignota al funzionario di turno? Allora, tenetevi forte, la soluzione è all’italiana. Racconta un traduttore: «Prendono due o tre pagine a caso e guardano se c’è qualcosa (una nota a pié di pagina, un segno di percentuale o un nome tipo Hans Mayer o Alain Delon...) che faccia intuire che si tratta dello stesso testo». Quindi ai due documenti cartacei viene allegato un «Verbale di Asseverazione» (sic) cartaceo su cui andrà apposta una marca da bollo da 16 euro ogni 100 righe. Più 70 euro fisse per la pratica. Il tutto, par di capire, da presentare per questo bando entro il 27 marzo.

Asservimento

Ma per favore! Chi se l’è inventata un’assurdità così? Porta i mustacchi a manubrio, usa il calamaio e va in ufficio col velocipede? Maria Luisa Catoni, docente di Archeologia alla Normale di Pisa, già presidente di commissione dell’European Research Council e teaching fellow al Wissenschaftskolleg di Berlino («prima di avere una sola pubblicazione in tedesco»), è basita: «Ci sono almeno tre punti inaccettabili. Primo: l’esclusione in un’università italiana delle principali lingue europee. Secondo: l’asservimento totale all’inglese. Terzo: il rovesciamento sulle spalle dei ricercatori e dei docenti, pur riconoscendo le difficoltà di tante commissioni nella valutazione di lavori in lingue meno diffuse, di tutta la fatica e di tutte le spese». Vermondo Brugnatelli, tra i massimi studiosi di lingua berbera e docente alla Bicocca, ha fatto i conti: «Per un lavoro fatto per la Sorbona in francese (quella è la lingua del mio settore) dovrei pagare di traduzione giurata 25.416 euro. Più le marche da bollo, una ogni 100 righe! E quando mai?».

Burocrazia

«È il trionfo della burocrazia sulla scienza», accusa Salvatore Settis, a lungo direttore della Normale, già presidente del Consiglio superiore Beni culturali e tuttora del Consiglio scientifico del Louvre, «lo sanno anche i sassi, ad esempio, che per l’archeologia è più importante il tedesco. E sanno che è un onore, per uno studioso di Raffaello, pubblicare un saggio in tedesco. Perché dovrebbe tradurlo? Ma c’è di più: con tutto il rispetto per l’inglese, credo che sia un oltraggio all’Europa la decisione dell’università italiana di scegliere come lingua franca solo quella di chi dall’Europa ha voluto uscire. E non oso pensare a eventuali ripicche incrociate...». Peggio, rincara Tomaso Montanari: «Se si rinuncia a priori ad avere commissioni all’altezza di giudicare i docenti e di capire almeno le lingue di base europee, cade un pilastro della nostra università. Rispetto alla cultura umanistica, poi, c’è una superbia scientista insopportabile. Usato così, l’inglese sarà un Ogm culturale. E annullerà ogni diversità».

https://www.msn.com/it-it/notizie/mondo/universit-c3-a0-lo-strapotere-dell-e2-80-99inglese-nei-bandi-la-follia-delle-traduzioni-giurate/ar-BB1efTTP

https://www.corriere.it/cronache/21_marzo_04/universita-strapotere-dell-inglese-bandi-follia-traduzioni-giurate-e3699f76-7d2d-11eb-a8b8-332e1131cc2c.shtml

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