Écriture inclusive et exclusion de la culture (François Rastier, PUF)

François Rastier

Presses Universitaires de France | « Cités »
2020/2 N° 82 | pages 137 à 148

ISSN 1299-5495
ISBN 9782130823032

Inutile ici de détailler à nouveau l’inanité des prétentions savantes de l’écriture inclusive : pour le français, ce travail a été conduit d’une façon quasi-définitive par Jean Szlamowicz et Xavier-Laurent Salvador.

Rappelons que les catégories grammaticales, comme le genre, le nombre, l’aspect, etc., permettent la détermination en discours, par des accords ou concordances, et n’ont aucune incidence sur les représentations du monde, d’ailleurs multiples dans les discours relevant d’une même langue. Le persan n’a pas de catégorie du genre et les femmes n’en sont pas moins discriminées en Iran. Sur un échantillon de 250 langues environ, moins de 90 pourraient manifester une corrélation entre le genre de certains mots et le sexe probable de leurs référents supposés.
Que faire des inanimés ? Que faire des souris et des tortues (mâles, mais sans genre) ? Des sentinelles et des gardes-françaises, souvent fort viriles ? Une coïncidence aura voulu que gender se traduise en français par genre, et l’idéologie du genre a fait le reste : après avoir été « fasciste », selon Barthes qui ne s’est pas pour autant enfermé dans un silence de gauche, le français serait « machiste » comme l’ont complaisamment prétendu des linguistes médiatiques comme Bernard Cerquiglini. Rappelons qu’une langue peut articuler les idéologies les plus contradictoires et seules les idéologies ultra-nationalistes ont pu prétendre qu’elles étaient en elles-mêmes porteuses d’une vision du monde déterminée voire déterminante…

Article complet disponible en ligne à l'adresse : https://www.cairn.info/revue-cites-2020-2-page-137.htm