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Cultural industries

La nature écartée de nos cultures et de notre langage (The conversation France)

Le 5 septembre 2019, 20:38 CEST - Par Directrice de recherche au CNRS, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)

Avant de commencer à lire ce texte, fermez les yeux et rejoignez un espace de nature qui vous est cher : une plage, une forêt, votre jardin… Pensez-vous pouvoir toujours y aller ? Pas si sûr, dans le contexte de crise que connaît la biodiversité.

Habitats, espèces et individus disparaissent à une vitesse vertigineuse, et les activités humaines sont les moteurs directs de cette catastrophe. L’IPBES l’a d’ailleurs réaffirmé publiquement en mai dernier à Paris, en publiant un nouveau rapport alarmant sur l’état de la biodiversité.

Pour la première fois dans l’histoire, ces experts ont ajouté que, sans changement fondamental de nos visions du monde, de nos valeurs et de nos modèles politiques et économiques, nous ne pourrons atteindre aucun des objectifs de durabilité adoptés depuis quelques années. Même ces espaces de nature qui vous sont chers disparaîtront sans doute.

De moins en moins d’expériences de nature

Nos modes de vie ne nous encouragent pas à flâner dans la nature… Et même les enfants, à un âge où le contact avec la nature est pourtant susceptible d’être le plus important, jouent de moins en moins dehors.

C’est pendant l’enfance que nous construisons notre cadre mental de référence, cet ensemble de notions et de valeurs à partir desquelles nous évaluerons plus tard ce qui est bien ou non. Or ce cadre de référence intègre de moins en moins la nature dans nos quotidiens.

Nous oublions même que nos parents et nos grands-parents attachaient une importance bien supérieure à la nature : nous estimons souvent que la place que nous lui donnons est bonne et suffisante, sans imaginer qu’elle est plus faible qu’une ou deux générations avant. C’est ce que le psychologue Peter Kahn Jr. appelle « l’amnésie environnementale générationnelle ».

La nature écartée de nos cultures

Cette perte de contact se traduit même collectivement dans notre vocabulaire. Dans l’édition 2015 du dictionnaire Oxford Junior, certains mots utiles à la description de la nature avaient disparu – comme canary (canari) ou blackberry (mûre) –, au profit de mots courants qui désignent des nouvelles technologies (comme blog ou… Blackberry). De façon générale, la culture en langue anglaise (films, romans, chansons pop), a depuis un siècle eu tendance à écarter les mots précis d’espèces de plantes ou d’animaux.

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