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Firms strategies

Volkswagen abandonne l'allemand : combien de milliards de dollars ?

Si Volkswagen a fauté, ce qui ne fait aucun doute, peut-être la société allemande n'est-elle pas la seule, mais le fait est qu'elle est tombée dans les mailles des filets de la justice américaine.

En titrant ces derniers jours, dans une unanimité suspecte, "Volkswagen ne veut plus parler allemand !", la presse donne l'impression qu'il s'agit de la part de la société allemande d'une décision libre, dans l'air du temps. Nous émettons des doutes sur cette version bisounourse qui convient bien à l'infantilisme dans lequel on tend à tenir les opinions publiques.

S'il est difficile d'établir un lien entre le Brexit et le renoncement de Volkswagen à la langue allemande, en revanche le lien avec les négociations avec la justice et les administrations américaines impliqués dans la procédure en cours est beaucoup plus probable.

D'après des informations largement diffusées, le coût pour Volkswagen de l'indeministation des consommateurs américains, et des amendes imposées par la justice américaine dépasserait largement 15 milliards de dollars, alors que dans le même temps le constructeur allemand à fait savoir qu'il n'avait pas l'intention d'indemniser ses clients européens.

Volkswagen n'est pas la seule société européenne à avoir des démêlés avec la justice américaine et avec toutes les administrations américaines à la source des poursuites engagées. Jean-Michel Quatrepoint dans un excellent article publié dans Le Monde Diplomatique de janvier "Au nom de la loi ... américaine" retrace tout l'historique de cette politique américaine qui n'a cessé de se renforcer avec le temps.

Dans toutes ces procédures, les administrations américaines, comme les administrations financières en général, possèdent un droit de transaction. Cela permet non seulement de moduler la peine en fonction du profil de l'entreprise, mais aussi d'imposer aux entreprises des clauses non écrites qui seront gardées secrètes, impossibles à révéler par l'entreprise bénéficiaire de la transaction.

Dans le cas de Volkswagen, on peut aisément imaginer que, conformément à une pratique systématique des Etats-Unis dans la plupart des accords commerciaux conclus depuis la Seconde guerre mondiale, l'adoption par Volkswagen de l'anglais comme langue de travail a été imposée par les négociateurs américains. Cette supposition est invérifiable, puisque par définition il s'agit de clauses secrètes, et que l'entreprise prendrait de gros risques à dévoiler les sources de cette décision éminemment politique. Seuls des lanceurs d'alerte de la carrure de Wikileaks pourraient mettre à jour de tels faits, raison pour laquelle il est important de défendre ces journalistes contre les tentatives de les réduire au silence.

Dire que "la guerre est déclarée", est à peine excessif. Comme dans toute guerre, il faut pouvoir désigner l'adversaire. Clairement, une certaine guerre est déclarée avec les Etats-Unis. Aujourd'hui, on ne déclare plus la guerre, on la fait tout simplement, par des moyens divers, militaires, financiers, humains voire linguistiques. Notre modeste contribution de citoyen consiste seulement à analyser, éventuellement à désigner l'adversaire, en tout cas à aider à ouvrir les yeux et faire apparaître que les Etats-Unis ont entrepris une guerre qui ne dit pas son nom contre les pays qui s'appellent eux-mêmes leurs alliés et dont l'esprit de soumission est totalement stupéfiant. Aider à ouvrir les yeux est déjà un grand défi, attendu que les médias sont très majoritairement contrôlés par des intérêts dont l'intérêt est de nous les garder fermés.

En tout état de cause, le renoncement à l'allemand par Volkswagen, n'est ni l'effet du hasard, ni l'effet de la simplicité supérieure de la langue anglaise, croyance des naïfs, ni dicté par les intérêts commerciaux de l'entreprise.

L'OEP