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In the firm

Lettre ouverte à M. Neil Kinnock

La question des langues au travail est vraiment une question essentielle, car elle touche au droit de travailler dans sa langue ou dans la langue du pays d'accueil. Il s'agit aussi d'une question de sécurité et d'efficacité dans le travail. Quand on impose l'anglais à tous les membres du personnel d'une entreprises, les surcoûts sont évidemment bien plus importants que les constraintes liés à la configuration linguistique des logiciels. Le comportement des entreprises qui recourent à des telles pratiques échappe ainsi à toute logique économique. Les raisons sont autres. A vous de chercher! En attendant, nous publions ci-après, une lettre de Madame Anna-Maria Campogrande, fonctionnaire européen, à M. Neil Kinnock, qui était alors vice-président de la Commission européenne. Ce courrier n'a pas perdu de son actualité.

24 Décembre 2003
Lettre ouverte à M. Neil Kinnock, Vice-Président de la Commission.
Objet : l’unilinguisme du système informatique des services de la Commission européenne.

COMMISSION EUROPEENNE

DIRECTION GENERALE RELATIONS EXTERIEURES

DIRECTION Ressources au siège, information, relations interinstitutionnelles

Ressources humaines et administration

Monsieur le Vice-Président,

Depuis la dernière migration je rencontre des grandes difficultés à utiliser mon ordinateur. La moindre petite opération engendre des messages, toujours en anglais, qui me posent des questions incompréhensibles et qui bloquent la poursuite des travaux. Je rencontre des obstacles à sauver les documents en provenance d'autres services, et je ne peux même pas imprimer mes propres documents, qui sont devenus, sans raison, "Only for read…" ou quelque chose de semblable.

Le système Adonis apparaît inaccessible par sa complexité, par les dispositions prises et surtout par le fait que, encore une fois, tout est présenté uniquement en anglais, comme si seuls les citoyens anglophones aient, désormais, droit de cité au sein des services de la Commission. Dans de telles conditions, la transparence, dont la Commission aime tant se décorer, n'a plus aucun sens, ni application concrète.

La Commission a sûrement ses propres raisons à imposer un système informatique unilangue et à multiplier les migrations. Il n'en reste pas moins que, en tant que fonctionnaire de la Commission et, avant cela, citoyenne européenne de nationalité italienne, il m'est difficile d'accepter sereinement ce diktat linguistique qui me discrimine.

Au-delà de mon cas personnel et de mon statut de fonctionnaire, en tant que simple citoyenne, je peux vous dire, Monsieur le Vice Président, que cette Europe unilingue n'est pas la mienne. Je suis fille des philosophes grecs, du droit romain, de la révolution française, de la culture mitteleuropéenne, je ne suis pas un bouton sur lequel il suffit de toucher pour qu'il exécute automatiquement. Ce serait une mauvaise interprétation du devoir d'obéissance qui rencontre ses limites dans les droits fondamentaux de tout être humain.

La Commission, Monsieur le Vice-Président, doit s'atteler, de toute urgence, à rendre l'Europe aux citoyens européens, toute autre affaire cessante, par le biais d'une politique linguistique d'intérêt général, fondée sur le meilleur équilibre entre langues et populations, sur des paramètres objectifs et sur les critères de la démocratie.

Veuillez agréer, Monsieur le Vice-Président, l'expression de ma plus haute considération,

Anna Maria Campogrande

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