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Políticas y derechos lingüísticos

Un "Défi salutaire" : quel avenir pour le rapport Maalouf?

Le rapport du comité présidé par l'écrivain Amin Maalouf et constitué à l'initiative de Léonard Orban, Commissaire européen chargé du multilinguisme, a été publié en 23 langues le 31 janvier 2008. Ce rapport, dont l'OEP recommande la lecture intégrale, est à considérer comme fondateur du plurilinguisme européen, au même titre que la Charte européenne du plurilinguisme publié par l'OEP en janvier 2007. Dans toute sa richesse, il apporte un concept nouveau, celui de "langue personnelle adoptive". C'est la première traduction concrète pleinement opératoire du mot d'ordre européen jusqu'à présent resté sans effet depuis la motion du conseil des ministres de l'éducation de 1984 recommandant déjà « la connaissance pratique de deux langues en plus de la langue maternelle ».

Pour que ce principe devienne réalité il faut évidemment une offre d'enseignement linguistique diversifiée, dès l'école primaire, et que soit proposée en premier une langue personnelle adoptive, et seulement en deuxième ou troisième, selon les souhaits des familles, une langue de communication internationale.

Si la langue personnelle adoptive, différente de la langue qui sera choisie comme langue de communication internationale, n'est pas la première langue enseignée, le risque est qu'elle reste la deuxième, c'est-à-dire celle qui aura été apprise en second et que l'on peut ne jamais utiliser.

La diversification de l'offre linguistique dès l'école primaire et le choix en priorité d'une langue autre que la langue de communication internationale, sont la pierre angulaire du plurilinguisme européen.

Ne pas suivre cette orientation, c'est renforcer l'hégémonie d'une seule langue dont les effets dévastateurs sont beaucoup plus massifs que les bénéfices économiques attendus.

Les pays les plus marqués par cette hégémonie, Norvège, Suède, Danemark, entre autres, commencent à s'en inquiéter. C'est le signe que le processus en marche depuis des dizaines années de disparition des langues, dénoncé par l'UNESCO, atteint aujourd'hui les langues nationales. Si l'on n'y prend garde, notre destin à tous, européens, est de devenir des "indigènes anglophones". Tandis que certaines entreprises (voir les articles sur Porsche, et sur le stress des cadres) font l'expérience du non sens stratégique et des improductivités entraînées par les abus de l'anglais dans les pratiques de travail.