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Manifestations

Festival "D'un pays l'autre" : TRADUCTION vs IMAGINAIRES DES LANGUES (Lille) du 26 du 30 septembre 2018

Alors même que le traducteur œuvre à la réception d'une littérature étrangère en faisant entrer dans notre espace culturel des œuvres venues d'ailleurs, il demeure un travailleur de l'ombre souvent méconnu du public. Son rôle dans l'échange culturel est pourtant fondamental : il rend possible la rencontre avec la parole d'un autre absent, tout en se portant garant du respect et de l'intégrité de cette parole.

Cette année encore, les éditions La Contre Allée poursuivent leur réflexion sur les enjeux de la traduction en proposant différentes rencontres dans le cadre du premier festival D'Un Pays l'Autre 2018 prévu à Lille du 26 au 30 septembre.

Le programme de l'édition 2018 porte sur le thème de l'imaginaire des langues, axant notamment ses rencontres autour des pratiques de traduction, du féminisme et de l'écoféminisme, du post-colonialisme, de la créolisation et de la francophonie, de l'hébreu, de l'anglais ou de l'Oulipo.


https://www.lille.fr/Evenements/Festival-D-Un-Pays-l-Autre
http://www.lacontreallee.com/residences/dun-pays-lautre/2018-limaginaire-des-langues

Initié en 2015, ce cycle de conférences voit sa programmation enrichie et se développe en collaboration avec de nombreux acteurs du livre et de la traduction en région et hors région.

Toutes les rencontres du festival sont gratuites, quelques-unes nécessitent une réservation. (voir programme)

Les langues « folles » d'Amérique
Le mercredi 26 septembre à 19h, à la librairie Meura, (25, Rue de Valmy, Lille, Métro République)
Un Afro-américain qui décide de rétablir la ségrégation raciale et l'esclavage à l'échelle d'un quartier, un gamin de 12 ans qui entreprend de raconter ses aventures hors normes dans une Angleterre post-apocalyptique, et dans une langue qui n'existe pas, le parlenigm : ce sont les thèmes de Moi contre les États-Unis d'Amérique, de Paul Beatty (ed.Cambourakis, 2015) et d'Enig Marcheur, de Russel Hoban (ed. Monsieur Toussaint Louverture, 2012). Voilà deux romans inclassables, écrits et traduits dans la démesure, qui bousculent férocement les conventions romanesques et linguistiques. Nathalie Bru et Nicolas Richard, leurs traducteurs respectifs, habilement interrogés par Charles Recoursé, nous expliqueront comment ils ont réussi à s’approprier et à réinventer, en français, ces langues « folles » qui racontent aussi la folie du monde.

Journée d'étude sur l'imaginaire des langues le jeudi 27 septembre, à la MESHS : à partir de 9h30 à la MESHS (2, rue des Canonniers, métro Gare Lille Flandres).
Gratuit, réservation souhaitée par mail à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

De 10h à 11h : Les écrivain·e·s africain·e·s sont - il·elle·s des écrivain·e·s comme les autres ?
Dans Je n’ai qu’une langue et ce n’est pas la mienne. Des écrivains à l’épreuve (Pauvert, 2016), Kaoutar Harchi retrace les trajectoires de cinq écrivains algériens de langue française. En analysant les mécanismes qui ont déterminé leur reconnaissance en France, elle montre à quel point cette reconnaissance est une question non seulement littéraire mais aussi politique, faite de lutte et de conquête. Écrire en français est-il suffisant pour être reconnu comme un « écrivain français » ? De toute évidence, non.
Claire Ducournau décortique dans son essai La fabrique des classiques africains. Écrivains d'Afrique subsaharienne francophone (CNRS ed, 2017) la façon dont une œuvre littéraire accède au rang de « classique » lorsque son auteur est issu d’Afrique subsaharienne francophone. En proposant une histoire sociale collective des écrivains depuis 1960, elle décrit par quels mécanismes symboliques et matériels ces écrivains sont devenus, sous différentes formes, des classiques africains. 
Modération : Nathalie Carré.

De 11h à 12h30 : Pratiques collectives de traduction: Gloria Anzaldua et le collectif Utopia Traductions
Si traduire est un acte militant, comment cet engagement se concrétise-t-il non seulement dans le choix des textes, mais aussi dans la façon dont on traduit à plusieurs mains, dans le cadre d’un collectif ? Rencontre avec Suzanne Dufour, l’une des traductrices de l’ouvrage de Gloria Anzaldúa Borderlands - La frontera, dont la première traduction française paraîtra en 2019 chez Cambourakis. Dans ce livre, les mots d’espagnol chicano se mêlant à l’anglais, une équipe de trois traductrices a été mise en place pour assurer une traduction la plus respectueuse possible. Écrivaine et militante féministe lesbienne chicana, Gloria Anzaldúa a grandement contribué à définir de manière plus large le féminisme, notamment dans le domaine des études culturelles & queer. Leeo Lebel-Canto, membre d’Utopia Traductions, sera aux côtés de Suzanne Dufour : organisé en coopérative, ce collectif de traducteurs.trices se compose de femmes, de personnes trans et de minorisé·e·s sexuel·le·s. Il défend une éthique basée sur la coopération, la formation continue, la traduction située, le partage des connaissances techniques et linguistiques et des ressources. Une part importante de ses gains est reversée en soutien à des projets militants et/ou audiovisuels autogérés.
Modération : Noomi B. Grüsig

De 14h à 15h30 : Le Tout-Monde, la littérature de la Caraïbe et la créolisation de la langue.
Dans les romans C’est juste un film d’Earl Lovelace (Le temps des cerises, 2017) et By the rivers of Babylon de Kei Miller (Zulma, 2017, Lauréat 2017 du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde) on sent le créole murmurer sous les anglais de Trinité-et-Tobago et de Jamaïque. Cette cohabitation inégalitaire des langues dans l’archipel caribéen fait apparaître non seulement une histoire de luttes, de conflits raciaux, de rapports de domination, mais dessine aussi les identités plurielles de l’Antillanité et entraîne un remodelage des langues des colonisateurs. Auteur.e.s des traductions françaises de ces deux romans majeurs de la littérature caribéenne contemporaine, Alexis Bernaut, Thomas Chaumont et Nathalie Carré s’entretiendront avec Corinne Mencé-Caster sur la manière de traduire des langues façonnées par une histoire faite aussi de traumatismes, qui deviennent parfois des outils de résistance et de libération.

L'écoféminisme
Le vendredi 28 septembre à 19h30 au Café citoyen (7 Place du Vieux Marché aux Cheveaux, métro République), dans le cadre des Rencontres Menstruelles
Né dans les années 1980 dans les pays anglo-saxons, le mouvement écoféministe a été initié par des femmes faisant le lien entre l’exploitation des ressources naturelles et l’exploitation qu’elles subissaient en tant que femmes. Reclaim, recueil de textes écoféministes (Cambourakis, 2016) permet de découvrir les textes des principales figures de ce mouvement, parmi lesquelles Susan Griffin, Starhawk, Joanna Macy, Carolyn Merchant. Rencontre-découverte de ces écrits avec leur traductrice Emilie Notéris. Modération : Noomi B. Grüsig

L'Outranspo ou la traduction dans tous ses états
Le samedi 29 septembre de 15h à 16h à la médiathèque Jean Lévy (32, rue Edouard Delesalle, 59000 Lille, métro République) en partenariat avec Zazie Mode d'emploi.
Gratuit, réservation souhaitée par mail à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Atelier de traduction créative + Performance-débat de et par l'Outranspo, nouvelle création dans le cadre du festival.
L’Outranspo (Ouvroir de translation potencial) est un groupe de traducteurs, écrivains, chercheurs et musiciens hétéroclite et multiculturel, qui se consacre joyeusement aux approches créatives de la traduction, notamment lors de réunions mensuelles et virtuelles. Fondé en 2012 à Rochester (États-Unis), il est véritablement actif depuis 2014 et le colloque « Traduire les littératures à contrainte » de Baltimore. « No a Proust ! » est devenu, par la force de l’anagramme, son cri de guerre.
La délégation outranspienne, constituée de Santiago Artozqui, Camille Bloomfield et Irène Gayraud, et accompagnée par Martin Granger, Robert Rapilly et Coraline Soulier de l'association Zazie Mode d'emploi, s’attachera à faire comprendre et expérimenter au public les joies de la traduction créative par le biais d'un atelier de traduction à contraintes (au cours duquel il sera question, entre autres exercices, de féminiser les tweets de Trump…) et d'une conférence plutôt multilingue et quelque peu performée. 
15H-15H45 Conférence performée 
16H-17H30 Atelier de traduction créative

Traduire : projection du film-documentaire de Nurith Aviv
Le dimanche 30 septembre à 11h, au Mutualab (19 rue Nicolas Leblanc, Lille, Métro République)
Gratuit, réservation souhaitée par mail à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Dernier volet d’une trilogie mettant en scène une langue, l’hébreu, Traduire est un film Babel où les traducteurs de différents pays parlent de leur expérience intime de passeurs de la littérature hébraïque écrite à travers les siècles : le Midrash, la poésie hébraïque médiévale, la littérature moderne et contemporaine. Chacun.e parle avec passion de la confrontation avec une langue qui les amène parfois à transgresser les règles de leur propre langue. La projection sera suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Nurith Aviv et de la traductrice Rosie Pinhas-Delpuech. 
Modération Natalie Levisalles.

Tout au long du mois de septembre, l'exposition Cents titres de Clémentine Mélois sera visible à la médiathèque Jean Lévy de Lille (32 rue Edouard Delesalle, 59000 Lille).
Cent titres est un projet artistique qui consiste à détourner les couvertures de grands classiques. Clémentine Mélois pastiche ainsi par l’image les classiques de la littérature : lirons-nous aujourd’hui Maudit Bic, d’Herman Melville, ou Père et Gay, de Léon Tolstoï ? Au fait, quel philosophe a-t-il écrit le Crépuscule des idoles des jeunes ? Pour décrypter les anagrammes, contrepèteries, homophonies, permutations et autres astuces de ces cent titres, on passera de la culture classique à la culture populaire, puisant dans des souvenirs de lectures, de chansons, de publicités ou de films.