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Les langues à l'université

Le Groupe d'étude et de recherche en anglais de spécialité demande une véritable politique d'enseignement des langues, assortie de moyens, dans les universités.

(Source AEF)
"Il n'y a pas de politique de langues dans les universités. Il y a des déclarations de principe mais rien au niveau des moyens." C'est l'une des conclusions du 26ème colloque du GERAS (Groupe d'étude et de recherche en anglais de spécialité) formulée par Pierre Frath, directeur du SPIRAL (Service pédagogique interuniversitaire de ressources pour l'autoformation en langues) de l'université Strasbourg-II Marc Bloch et approuvée par l'ensemble des enseignants-chercheurs en langues qui se sont réunis du 17 au 19 mars 2005 à l'université Toulouse-I Sciences sociales. Ce colloque se proposait de faire un état des lieux de l'enseignement et de la recherche en langues de spécialité dans le supérieur en France (L'AEF du 08/03/2005, 50980). Alors que les langues prennent une large part dans la réforme du LMD, ces enseignants-chercheurs constatent que dans les universités où les langues ne sont pas la discipline première des étudiants, ces dernières ne sont pas considérées comme une priorité. En témoigne, selon eux, la réduction progressive du volume horaire consacré à ces enseignements.

Ainsi, une enseignante de l'université Aix-Marseille-III indique à L'AEF que 6 crédits ECTS en langues sont inscrits dans le cadre du cursus de droit au niveau M2 (master 2ème année) mais qu'aucune heure d'enseignement n'a été affectée pour l'apprentissage de ces dernières. De même, la directrice du CERLAC (Centre de recherche en langues de spécialité et cultures) de Paris-I Panthéon-Sorbonne, Rosalind Greenstein, signale que le volume horaire dans son université est passé de 39 heures à 18 heures par an.
 

COMMUNICATION

"Les décideurs ne comprennent pas qu'un saupoudrage de langues ne pourra pas permettre de former des gens compétents", regrette Gail Taillefer, enseignant-chercheur en anglais à Toulouse-I et organisatrice de la manifestation. "C'est d'autant plus important que l'apprentissage des langues ne se limite pas à un savoir mais nécessite l'apprentissage d'un savoir-faire et d'un savoir-être". Les membres du GERAS militent d'ailleurs pour la mise en place d'une approche didactique nouvelle: il "faut intéresser les étudiants dont la langue n'est pas leur choix premier", explique Michel Perrin, ancien président du GERAS, précisant qu'ils "doivent acquérir une compétence qui va leur permettre d'utiliser cette langue en situation, ce qui ne se limite pas à l'acquisition de la connaissance". Pour lui, "les étudiants doivent utiliser la langue à un niveau de compétence égal à leur compétence disciplinaire afin que celle-ci ne dévalorise pas leur savoir disciplinaire". Michel Perrin a contribué à la mise en place du secteur LANSAD (langues pour spécialistes d'autres disciplines) et à une quatrième voie de recherche et de carrière, la langue de spécialité (en plus de littérature, civilisation et linguistique), par la mise en place dans les années 1990 d'un DEA "langue anglaise des spécialités scientifiques et techniques: méthodologie de la recherche linguistique, didactique, culturelle et technologique".

"L'apprentissage de l'anglais basé sur la correction grammaticale, méthode 'rabâchée' notamment au niveau de l'enseignement secondaire, n'a pas d'importance véritable puisqu'il y a des fautes qui ne sont pas rédhibitoires et n'empêchent pas la communication de se faire", estime-t-il. "En revanche, nous accordons de l'importance à la phonologie, aux manières de prendre la parole, aux manières de politesse, à l'accentuation, etc. Nous devons plutôt mettre l'accent sur la modulation du discours, en fonction de l'interlocuteur, pour obtenir ce que l'on veut. Tout cela suppose, selon lui, "de changer le modèle d'attitude classique de l'enseignant qui se polarise beaucoup sur la faute, souvent d'origine syntaxique". C'est d'autant plus important, explique-t-il, que cette "logique du stylo rouge" explique que les étudiants hésitent à prendre la parole "de peur de faire des fautes". De la même manière, parce que les professeurs qui exercent dans le secteur LANSAD exploitent des supports fondés sur des documents authentiques du domaine pour lequel est destiné l'étudiant, "l'enseignant doit nécessairement s'informer sur la discipline de ces élèves, sur les procédures juridiques par exemple, pour rentrer en discussion pertinente avec les étudiants", argumente l'ancien président du GERAS. "Il faut que les étudiants découvrent comment cela fonctionne dans leur discipline, comment exprimer quelque chose, mettre en phrase sans 'hérisser le poil', etc.". D'où l'intérêt également selon lui de ramener ce savoir vers "des réflexions plus sociétales et culturelles".

SEMI-AUTONOMIE GUIDÉE

Ces chercheurs prônent un apprentissage en semi-autonomie guidée, passant par le développement d'applications informatiques spécifiques qui permettent de préparer des tâches "en déconstruisant le discours d'un document (son, accentuation, etc.)". Dans cette logique, le travail de l'enseignant "devient un travail d'amont qui consiste à préparer des situations où l'apprentissage va vraiment se faire", explique Michel Perrin. À Toulouse, par exemple, une équipe pluridisciplinaire de douze chercheurs réunis dans le cadre du programme TCAN (traitement des connaissances, apprentissage et NTIC) financé par le CNRS (Centre national de recherche scientifique), travaille à l'élaboration d'un logiciel qui doit permettre d'améliorer la maîtrise orale de l'anglais. Cette application, "SWANS" (Synchronised web authoring notation system), doit permettre aux enseignants, y compris les plus novices dans le domaine informatique, d'annoter et de synchroniser une page texte et un film vidéo sur le même modèle qu'un karaoké. Les étudiants pourront ensuite visualiser, tout en écoutant, les syllabes sur lesquelles l'accentuation doit être portée.

L'intérêt du colloque national, selon Michel Perrin, est également de faire davantage reconnaître une nouvelle approche didactique qui "se heurte encore à des résistances". Il indique par exemple que leurs travaux de recherche, basés souvent sur la "recherche-action" (observation de ce qui est testé sur les étudiants), ne sont toujours bien perçus au niveau du CNU (Comité national d'évaluation). Cette reconnaissance est d'autant plus importante selon lui, que cette voie, comme les autres en langues, souffre du manque de candidatures.

Contact: université Toulouse-I, Françoise Montet Lattes, responsable de communication, 05 61 63 35 36, Questo indirizzo email è protetto dagli spambots. È necessario abilitare JavaScript per vederlo.