Viitorul limbilor

Hagège : "L'anglais détruit notre pensée" (une question et une réponse)

Dans "Contre la pensée unique" (Odile Jacob), Claude Hagège, professeur au Collège de France, pourfend l'anglais comme vecteur de pensée unique et en appelle au sursaut.
Propos recueillis par Victoria Gairin
Publié le 19/01/2012 à 00:00 | Le Point.fr

Le Point : Vous affirmez que la propagation d'une langue engendre une pensée unique. Pourquoi ?

Claude Hagège : Attention, la propagation d'une langue en général - et ce fut le cas du latin pendant des siècles en Europe et au-delà - n'implique pas de danger d'homogénéisation de la pensée. Elle a, bien au contraire, favorisé sa multiplicité. Mon propos ne concerne pas n'importe quelle langue, mais l'anglais. L'anglais, dont la diffusion mondiale est accompagnée d'une certaine idéologie néolibérale, dont l'ensemble du monde est à la fois l'auteur et la victime. La propagation d'une langue n'est pas nécessairement négative. Elle peut servir les besoins ou les désirs d'une population, comme ce fut le cas des langues véhiculaires de vaste diffusion.

N'est-ce pas le cas de l'anglais, justement ?

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