Le Figaro
TRIBUNE - La prolifération des anglicismes, due au snobisme des «décideurs» et d’une partie des médias, distend les liens qui unissent nos compatriotes et la langue française, s’alarme l’académicien.
Par Jean-Marie Rouart
Jean-Marie Rouart est membre de l’Académie française.
Cela fait longtemps que beaucoup d’écrivains et de défenseurs du français crient dans le désert pour alerter l’opinion et les pouvoirs publics: la langue française est rongée par un cancer. Un cancer insidieux qui distille peu à peu ses métastases dans son corps sous le fallacieux couvert de la modernité. Et ce n’est pas d’hier qu’il a commencé à se propager provoquant déjà l’indignation d’Étiemble, professeur à la Sorbonne, qui dans son pamphlet Parlons-nous franglais? avait, en 1972, stigmatisé les débuts de cette colonisation linguistique galopante. «Tout le monde est coupable, soulignait-il dans sa déploration, la presse et les Marie-Chantal, la radio et l’armée, le gouvernement et la publicité, la grande politique et les intérêts les plus vils.»
Lire aussi