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Parler la langue de l'autre : un mythe en puissance

Billet d'humeur! 

Peut-on faire naître un mythe?

Si le mythe est bien une manière de dire d'où nous venons et où nous allons, l'idée de parler la langue de l'autre pourrait avoir valeur de mythe, à condition de saisir toute la portée du concept et de plonger dans ses racines historiques.

Qui connaît aujourd'hui le traité de Strasbourg du 14 février 842 entre deux des petis-fils de Charlemagne, Louis le Germanique et Charles le Chauve, contre le frère belliqueux Lothaire, dont les archives sont précieusement conservées par la Bibliothèque Nationale de France ?

Nous pouvons ne pas suivre Paul-Marie Couteaux dans tous les développements de son ouvrage Être et parler français, mais nous conviendrons que les premières pages consacrées à l'Alliance de Verdun sont à nos yeux d'une grande profondeur.

La cérémonie est chargée d'une puissante symbolique : 

1er temps : les 2 alliés prêtent serment chacun dans la langue de l'autre pour être compris de ses troupes. Charles le Chauve, roi de Francia occidentalis, s'exprime en tudesque,  hoch deutsch primitif qui donnera l'allemand. Louis le Germanique, roi de la Francia orientalis, utilise la langue romane, bas latin rustique dont on use dans les anciennes gaules.

2e temps : les rois se retournent vers leurs troupes et répètent le serment dans leurs langues respectives.

3e temps : les troupes jurent à leurs rois obéissance sous réserve qu'ils respectent chacun leur engagement.

12 siècles plus tard, où en sommes-nous ?

  • La Commission européenne propose un logo pour célébrer le 50e anniversaire du traité de Rome, d'abord en anglais, puis traduit dans la précipitation dans les 23 langues européennes. D'autres incidents du même acabit marqueront l'année 2007.
  • La nouvelle pdg américaine d'un grand groupe français fusionné avec un autre grand groupe américain annonce la mort accidentelle d'un salarié français au personnel français de l'entreprise en américain.

Conclusion 1 : le progrès est une notion très relative, nos manageurs ayant quelques leçons de management à prendre auprès de nos ancêtres!

Conclusion 2 : nous proposons à l'Union européenne d'adopter des symboles forts pour exprimer l'union dans la diversité qui ne peuvent en aucune manière relever de la symbolique de la langue unique.

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